Le triptyque uti possidetis, titre et effectivités dans la délimitation des frontières par le juge international en Afrique
Abstract
Si l’indépendance a été un défi fondamental pour l’Afrique hier et qu’aujourd’hui le développement économique ou l’émergence sonne comme un impératif catégorique, il existe un autre défi et non des moindres, celui de la pacification de l’Afrique qui, depuis les indépendances, brille justement par des foyers interminables de crises. Mais il est de notoriété publique que l’une des causes de ces crises est la revendication des territoires par les Etats, car les frontières ont, pour la plupart, été mal définies au moment du partage du gâteau orchestré par la non moins célèbre Conférence de Berlin. Pour sauver les meubles, et en conformité avec les principes des Nations Unies auxquels tous les Etats africains avaient adhéré, notamment le principe de non recours à la force dans les relations internationales et le principe de règlement pacifique des différends internationaux, les Etats africains ont eu recours au juge international pour régler leurs différends frontaliers. Dans son office, le juge, qu’il soit de la CIJ ou d’un tribunal arbitral, a très souvent fondé sa décision sur l’un des trois éléments majeurs que sont le titre juridique, les effectivités et l’uti possidetis. Si les deux premiers éléments sont des classiques sur lesquels le juge international a toujours fondé ses décisions en matière frontalière, l’uti possidetis en tant que principe général de droit, consacré aussi bien par la Charte de l’OUA que celle UA, semble être l’élément de référence devant orienter la décision du juge. Cependant, à bien scruter la jurisprudence internationale, il ressort que le juge fait usage de ces trois concepts dans la délimitation des frontières en Afrique, au point qu’ils paraissent dans une imbrication trinitaire.
If independence was a fundamental challenge for Africa yesterday and today economic development or emergence sounds like a categorical imperative, there is another challenge and not least, that of the pacification of Africa which, since independence, has been shining through endless hotbeds of crises. But it is common knowledge that one of the causes of these crises is the claim of the territories by the States, because the borders were for the most part badly defined at the time of the sharing of the cake orchestrated by the no less famous Berlin Conference. To save the furniture, and in accordance with the principles of the United Nations to which all the African States had adhered, in particular the principle of not recourse to force in the international relations and the principle of peaceful resolution of the international disputes, the African States had recourse to the international judge to settle their border disputes. In his office, the judge, whether from the ICJ or from an arbitral tribunal, very often based his decision on one of the three major elements: legal title, effectivités or uti possidetis. If the first two elements are classics on which the international judge has always based his decisions in border matters, the uti possidetis has, by virtue of its status as a treaty principle enshrined in the Charter of the OAU / AU, seemed to be the reference element to guide the judge's decision. However, if you look closely at international jurisprudence, it turns out that the judge makes alternating use of these three principles in Africa, to the point that they appear in a Trinitarian overlap.
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Copyright (c) 2021 Pauline Solange Mevah Bikongo
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