Importance socioéconomique de l’exploitation des ressources naturelles de l’Aire de Patrimoine Communautaire (APAC) de Mangagoulack, Sénégal
Abstract
Les écosystèmes de mangrove sont essentiels à la survie de la population de la commune de Mangagoulack qui tire de l’aire marine protégée de Kawawana des ressources halieutiques comme les huîtres, le sel et le bois de palétuviers. Cette étude vise à montrer l’importance socioéconomique de l’exploitation des ressources naturelles l’aire marine de Kawawana. Elle a été réalisée sur la base d’enquêtes agro socioéconomique auprès de 294 acteurs. Les résultats montrent que l’exploitation des ressources naturelles liée aux activités socioéconomiques des ménages est plus exercée par des personnes âgées de 35 à 50 ans (47%) dont les femmes représentent (73%). La riziculture de mangrove est activité dominante (26,28%) suivie du maraîchage (21,55%). La population exploite les huîtres (12,17%), le sel (10,14%) et le bois de mangrove (11,40%). Quant à l’utilisation des palétuviers, les espèces du genre Rhizophora et Avicennia germinans sont les plus connus (35%). Elles sont utilisées dans la cuisson (43%), la confection de plafonds et des clôtures (19%), la médecine traditionnelle (8%) et des usages culturels (7%). Ces espèces de mangrove sont plus exploitées pendant les mois de mars et avril (24%) correspondant à la période de cueillette des huîtres dans le bolong de Tendouck (44,31%). La technique du détroquage d’huîtres est plus pratiquée par les exploitants (67,74%). Cette technique contribue concomitamment à la conservation des palétuviers et des huîtres. Les répondants estiment que cette technique assure un stock d’huîtres abondant dans le milieu (77%) avec des individus de grosse taille (83%). La commercialisation des huîtres se fait principalement dans le village de l’exploitant (56%) par les « bana-bana » dont le revenu trimestriel varie de 50 000 à plus 450 000f CFA. Les pratiques endogènes répertoriées révèlent des méthodes de gestion respectueuses de la durabilité des ressources de la mangrove.
The mangrove ecosystems play a vital role in sustaining the population of the Mangagoulack commune, providing essential fishery resources such as oysters, salt, and mangrove wood from the Kawawana Marine Protected Area. This study aims at stressing the socioeconomic significance of harnessing the natural resources of the Kawawana Marine Protected Area. It was conducted through agro-socioeconomic surveys involving 294 stakeholders. The findings reveal that the exploitation of natural resources linked to the socioeconomic activities of households is primarily undertaken by individuals aged between 35 and 50 (47%), with women representing 73% of this group. Mangrove rice farming emerges as the predominant activity (26.28%), followed by market gardening (21.55%). The population also engages in the exploitation of oysters (12.17%), salt (10.14%), and mangrove wood (11.40%). In terms of mangrove utilization, species such as those belonging to the genus Rhizophora and Avicennia germinans are most commonly known (35%). They are utilized for cooking (43%), constructing ceilings and fences (19%), traditional medicine (8%), and cultural practices (7%). These mangrove species are mainly exploited during March and April (24%), corresponding to the oyster harvesting season in the Tendouck bolong (44.31%). The practice of oyster peeling is more prevalent among the exploiters (67.74%), a technique that concurrently contributes to the conservation of mangroves and oysters. Respondents express that this technique ensures an abundant stock of oysters in the area (77%), with a significant proportion being large individuals (83%). Oysters are primarily commercialized in the exploiter's village (56%) by "bana-bana," whose quarterly incomes range from 50,000 to over 450,000 CFA francs. Recorded endogenous practices reveal management approaches that maintain the sustainability of mangrove resources.
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