Dynamiques des changements environnementaux des réserves forestières transfrontalières sous emprise des groupes terroristes : cas du complexe W-Arly-Pendjari (WAP) entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger
Abstract
Depuis le début des attaques terroristes entre 2010 et 2012, respectivement au nord du Nigeria et au Mali, les massifs forestiers ont été des espaces d’intérêt stratégique de sanctuarisation des groupes armés. Plus ou moins reliées les uns aux autres et situés le long de frontières faiblement peuplées et peu contrôlées par les Etats, les massifs forestiers offrent des facilités de mobilité transfrontalière des groupes armés terroristes. Ces réserves forestières ont été utilisées comme support pour l’extension des foyers terroristes du Sahel vers les pays côtiers. C’est ainsi que depuis 2018, la plus vaste réserve forestière transfrontalière d’Afrique de l’Ouest, le complexe W-Arly-Pendjari (WAP) entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, est devenue une cible d’implantation de bases terroristes. L’occupation d’une grande partie du complexe WAP permet aux groupes armés terroristes de contrôler les accès aux parcs, les mobilités (des personnes et des biens), la transhumance transfrontalière et le commerce du bétail entre pays sahéliens et côtiers. L’installation des bases terroristes dans le WAP et les attaques dans les localités riveraines ont des répercussions sur les efforts de conservation de la faune et de la flore. Mais l’ampleur et le sens des changements environnementaux induits par l’occupation du WAP par les groupes armés et leurs attaques dans les villages riverains n’est pas encore bien documentée. Cet article fait une analyse quantitative des changements environnementaux sur les unités d’occupation et d’utilisation des terres dans le WAP et les localités riveraines. Il repose sur une exploitation d’images satellites comme source d’analyse diachronique (2002-2022) des changements environnementaux et leur corrélation avec la localisation, l’évolution des attaques terroristes et de l’indice de végétation (NDVI) dans le WAP et ses localités riveraines.
Since the beginning of terrorist attacks between 2010 and 2012, in northern Nigeria and Mali respectively, forest reserves have been areas of strategic interest for armed groups to establish sanctuary. More or less connected to each other and located along less densely populated borders with weak state control, forest reserves offer cross-border mobility facilities for armed terrorist groups. These forest reserves have been used to support the expansion of terrorist outbreaks from the Sahel to coastal countries. Thus, since 2018, the largest cross-border forest reserve in West Africa, the W-Arly-Pendjari (WAP) complex between Benin, Burkina Faso and Niger, has become a target for the establishment of terrorist bases. The occupation of a large part of the WAP complex enables armed terrorist groups to control access to the parks, movements (of people and goods), cross-border transhumance and the livestock trade between Sahelian and coastal countries. The establishment of terrorist bases in the WAP and attacks in riparian localities have implications for wildlife conservation efforts. However, the magnitude and scope of the environmental changes induced by the occupation of the WAP by armed groups and their attacks on riparian villages are not yet well documented. This article provides a quantitative analysis of the environmental changes in land occupation and land use units in the WAP and riparian settlements. It is based on the use of satellite images as a source of diachronic analysis (2002-2022) of environmental changes and their correlation with location, changes in terrorist attacks and the vegetation index (NDVI) in the WAP and its neighboring localities.
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