Innovation technologique verte et durabilité économique des coopératives agricoles au Maroc : Analyse du rôle modérateur de la finance verte dans un contexte de transition énergétique – Cas de la province de Kelaa des Sraghna

Abstract

Cette étude examine l’impact de l’innovation technologique verte (ITV) sur la durabilité économique des coopératives agricoles marocaines, en mettant en exergue le rôle modérateur exercé par la finance verte dans un contexte de transition énergétique. L’analyse repose sur un échantillon de 185 coopératives implantées dans la province de Kelaa des Sraghna, territoire reconnu pour son potentiel agricole et son engagement croissant en faveur des énergies renouvelables. En mobilisant une approche méthodologique mixte, la recherche combine une phase qualitative exploratoire – fondée sur une démarche inductive – à une phase quantitative fondée sur l’estimation de modèles économétriques. L’investigation qualitative s’appuie sur 20 entretiens semi-structurés réalisés auprès de dirigeants de coopératives, 10 représentants d’institutions financières et 5 acteurs territoriaux, ainsi que sur cinq études de cas approfondies de coopératives engagées dans l’adoption de solutions technologiques vertes. Cette phase met en lumière une série d’obstacles (insuffisance de financement, déficits de sensibilisation, contraintes techniques), mais aussi des leviers d’action (soutien public, gains d’efficience énergétique, renforcement de la résilience économique). Ces résultats ont permis la formulation d’hypothèses testées économétriquement. L’analyse quantitative, fondée sur des modèles de régression linéaire et à effets fixes, révèle que l’ITV exerce un effet significatif et positif sur la durabilité économique, notamment à travers l’optimisation de l’usage des ressources et la réduction des coûts d’exploitation. En outre, l’accès accru aux instruments de finance verte amplifie cet effet, en facilitant l’adoption de l’ITV et en consolidant la robustesse économique des structures coopératives. L’étude enrichit ainsi la littérature sur les déterminants de la durabilité des organisations agricoles en contexte rural et formule des recommandations à destination des décideurs publics, des bailleurs de fonds et des institutions de soutien à l’économie sociale.

This study examines the impact of green technological innovation (GTI) on the economic sustainability of Moroccan agricultural cooperatives, highlighting the moderating role of green finance in the context of energy transition. The analysis is based on a sample of 185 cooperatives located in the province of Kelaa des Sraghna, a region renowned for its agricultural potential and growing commitment to renewable energy. Using a mixed-methods approach, the research combines an exploratory qualitative phase—based on an inductive methodology—with a quantitative phase grounded in econometric model estimation. The qualitative investigation draws on 20 semi-structured interviews with cooperative leaders, 10 financial institution representatives, and 5 local stakeholders, as well as five in-depth case studies of cooperatives that have adopted green technological solutions. This phase reveals a series of obstacles (limited funding, lack of awareness, technical constraints), but also key enablers (public support, energy efficiency gains, enhanced economic resilience). These findings informed the formulation of hypotheses tested through econometric methods. The quantitative analysis, based on linear and fixed-effects regression models, shows that GTI has a significant and positive effect on economic sustainability, particularly through resource optimization and reduced operating costs. Furthermore, greater access to green finance instruments amplifies this effect by facilitating the adoption of GTI and strengthening the economic robustness of cooperative structures. The study thus contributes to the literature on the determinants of sustainability in rural agricultural organizations and provides recommendations for policymakers, donors, and institutions supporting the social and solidarity economy.