Forces et Faiblesses des Interactions entre le Président de la République et les Autres Institutions de la République Démocratique du Congo lors de la Prise de Bukavu en Février 2025

Abstract

Depuis son indépendance le 30 juin 1960, la République Démocratique du Congo est périodiquement confrontée à de graves crises sécuritaires. Au cours des six dernières décennies, le contexte national et international a connu de profondes mutations, affectant à la fois les intérêts des acteurs et les moyens mobilisés pour les atteindre. Par conséquent, les solutions qui furent jadis efficaces dans la résolution des conflits ne sont plus forcément adaptées aux réalités actuelles. Depuis près de vingt ans, la RDC traverse une série de conflits armés persistants, alimentant l’idée d’une guerre interminable. Les racines de ces crises remontent notamment à l’afflux massif de réfugiés hutus à la suite du génocide rwandais de 1994, suivi de plusieurs rébellions successives. Malgré la signature de divers accords de paix, la situation sécuritaire reste instable. Ces conflits, à la fois localisés et complexes, s’inscrivent dans des enjeux territoriaux, sociaux, identitaires et économiques à l’échelle régionale, nationale et internationale.

S’inscrivant dans une approche explicative fondée sur les stratégies des acteurs politiques impliqués dans la gouvernance des institutions congolaises, cet article analyse, à partir de données théoriques et empiriques, les forces et les faiblesses des interactions entre le Président de la République et les autres institutions pendant la prise de la ville de Bukavu en février 2025. Ce soulèvement a été mené par le groupe rebelle M23, soutenu par l’armée rwandaise selon un rapport des Nations Unies[1]. Les résultats de cette étude révèlent que la crise a mis en évidence certaines capacités de réaction rapide et de coordination institutionnelle. Toutefois, des défaillances sont apparues, notamment en matière de communication, de gestion de l’information, de coordination interinstitutionnelle et de capacité d’anticipation.

[1] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q= Consulté Dimanche, le 06 Juillet 2025 à 11h40.

Since gaining independence on 30 June 1960, the Democratic Republic of the Congo (DRC) has periodically faced major security crises. Over the past six decades, both national and international contexts have undergone significant transformations, affecting the interests pursued by key actors and the means employed to achieve them. As a result, strategies that were once effective in conflict resolution have become increasingly obsolete in today’s complex environment. For nearly two decades, the DRC has endured a persistent state of armed conflict, evolving in form and intensity to the point of appearing like an unending war. The root causes of these conflicts trace back to the massive influx of Rwandan Hutu refugees following the 1994 genocide, followed by a series of multifaceted rebellions. Despite numerous peace agreements, lasting stability remains elusive. These conflicts are not only localized but are also deeply connected to broader territorial, social, identity, and economic challenges at regional, national, and international levels. Adopting an explanatory approach grounded in the strategies of political actors and institutional performance, and based on both theoretical frameworks and field data, this article examines the strengths and weaknesses in the interaction between the President of the Republic and other national institutions during the crisis that led to the takeover of Bukavu in February 2025. This event, attributed to the M23 rebel group with alleged support from the Rwandan army, according to a United Nations report, serves as a case study. Findings from this investigation highlight both institutional responsiveness and limitations. While a rapid and somewhat coordinated response was evident, significant weaknesses were noted in inter-institutional communication, coordination, information management, and the ability to anticipate and mitigate future crises.