Loisir traditionnel à l’épreuve de la modernité : regard sur la pratique du kouroubi à Tonhoulé (Mankono, Côte d’Ivoire)

Abstract

La question de l’un des loisirs traditionnels en vogue dans le milieu islamique ivoirien est abordée dans le présent article. Le kouroubi, une danse traditionnelle pratiquée par les jeunes filles de la localité de Mankono comme une activité de loisir à consonances religieuse. Cette pratique culturelle exprimée en période de ramadan est en réalité, un moment de présentation des jeunes filles, pubère pour la plupart, sur le marché matrimonial dans l’espace social kôyaka. Avec les mutations actuelles de la société, cette pratique culturelle est en perdition. Cet article vise donc à comprendre les problèmes liés à la conservation du kouroubi à Tonhoulé. Pour sa réalisation, il a mobilisé une approche méthodologique, combinant les méthodes qualitative et quantitative. Un échantillon de trente (30) personnes a été interrogé à l’aide des techniques par convenance et par boule de neige. Plus spécifiquement, il s’agit de 20 filles (population cible) et 10 personnes ressources composées de deux imams, deux encadreuses et six (06) acteurs témoins. Les données collectées ont été analysées par les méthodes de statistique descriptive et d’analyse de contenu. La théorie fonctionnaliste de Malinowski et du changement social de G. Rocher ont servi de base scientifique pour les interprétations. Les résultats obtenus ont permis de savoir que le taux élevé de la scolarisation jumelé à l’utilisation des outils de télécommunication diminuait considérablement la pratique du kouroubi à Mankono. En outre, l’urbanisation rapide des zones périphériques de Mankono a influencé négativement la pratique du kouroubi chez les jeunes filles.

This article addresses one of the traditional leisure activities popular in the Ivorian Islamic community. Kouroubi is a traditional dance practiced by young girls in the town of Mankono as a leisure activity with religious overtones. This cultural practice, performed during Ramadan, is actually a time for young girls, most of whom are pubescent, to be introduced to the marriage market in the Kôyaka social space. With current societal changes, this cultural practice is in decline. This article, therefore, aims to understand the problems related to the preservation of kouroubi in Tonhoulé. Its implementation employed a methodological approach combining qualitative and quantitative methods. A sample of thirty (30) people was interviewed using convenience and snowball techniques. More specifically, the study involved 20 girls (target population) and 10 resource persons, including two imams, two supervisors, and six (06) witness actors. The collected data were analyzed using descriptive statistics and content analysis methods. Malinowski's functionalist theory and G. Rocher's social change theory served as the scientific basis for the interpretations. The results revealed that the high school enrollment rate, combined with the use of telecommunications tools, significantly reduced the practice of kouroubi in Mankono. Furthermore, the rapid urbanization of Mankono's outlying areas has negatively influenced the practice of kouroubi among young girls.