Liens ethniques transfrontaliers et activités illicites : une étude de leur interrelation aux frontières Nord et Sud Cameroun
Abstract
Véritables espaces d’interactions et de transactions protéiformes, les frontières Nord et SUD Cameroun sont caractérisées par une forte mobilité de personnes et de biens. Ils sont à cet effet, le carrefour d’activités licites et illicites. La présente réflexion examine les activités illicites qui y prévalent à l’épreuve des continuités ethniques transfrontalières qui les structurent. Elle repose sur la conjecture principale que, ces liens ethniques transfrontaliers jouent un rôle significatif dans la fluidification des activités illicites qui s’y opèrent. A partir d’un dispositif théorico-méthodologique articulé autour du transnationalisme comme grille théorique, des entretiens et observations ont également été menés au sein de certaines localités frontalières des régions Nord et Sud du Cameroun. De celles-ci, il en ressort que, la configuration socio ethnique qui caractérise ces espaces respectifs gouverne la diversité d’activités qui y prennent corps. En effet, la triple territorialité des peuples Ekang dans le Sud (Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale) et Mboum dans la région du Nord (Cameroun-Tchad-RCA) s’est révélée pertinente à propos. A la suite, il se révèle que les activités illicites protéiformes qui y prennent corps reposent sur des acteurs aux procédés variés. Bien que l’on ne saurait totalement responsabiliser ces peuples frontaliers de l’illicite qui s’opère au sein de ces espaces, étant donné qu’il s’agisse d’un système composé d’une kyrielle d’acteurs hétérogènes, ceux-ci y jouent tout de même un rôle non négligeable. Ainsi, une meilleure gestion de ces derniers permettrait de réduire ce phénomène aux marges frontalières Nord et Sud Cameroun.
True spaces of protean interactions and transactions, the North and South Cameroon borders are characterized by high mobility of people and goods. They are for this purpose, the crossroads of legal and illegal activities. This reflection examines the illicit activities that prevail there in light of the cross-border ethnic continuities that structure them. It is based on the main conjecture that these cross-border ethnic links play a significant role in the fluidification of the illicit activities that take place there. From a theoretical-methodological device articulated around transnationalism as a theoretical grid, interviews and observations were also conducted in certain border localities in the North and South regions of Cameroon. From these, it emerges that the socio-ethnic configuration that characterizes these respective spaces governs the diversity of activities that take shape there. Indeed, the triple territoriality of the Ekang peoples in the South (Cameroon-Gabon-Equatorial Guinea) and Mboum in the Northern region (Cameroon-Chad-CAR) has proven relevant. Subsequently, it turns out that the protean illicit activities that take shape there are based on actors with varied processes. Although we cannot fully hold these border peoples responsible for the illicit that takes place within these spaces, given that it is a system composed of a host of heterogeneous actors, they still play a significant role. Thus, better management of the latter would make it possible to reduce this phenomenon on the northern and southern border margins of Cameroon.
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